A partir du milieu des années 1970, sous l’impulsion de son maire, Claude Boutet, la Ville de Bressuire va développer l’action culturelle en faisant confiance aux animateurs et associations locales.
Dans son assemblée générale du 7 juin 1975, l’Association des Comédiens Amateurs Poitevins (créée en 1964) adopte un nouveau nom : Théâtre du Bocage, affilié à la Fédération Nationale des Compagnies de Théâtre Amateur et d’Animation.
Avec l’accord de Jean-Paul Billecocq, président représentant la troupe, le conseil municipal de Bressuire propose alors de confier au Théâtre du Bocage la salle du cinéma Pax1 récemment fermé, et de gérer l’animation théâtrale du Grand Bressuire2.
La scène du nouveau théâtre subit quelques modifications et le hall d’entrée est réaménagé pour être ouvert régulièrement au public dans le cadre d’expositions (affiches, photos, textes) concernant les spectacles à venir.
L’action du Théâtre du Bocage est menée dans deux grandes directions : faire venir régulièrement des spectacles de qualité et maintenir l’existence d’une troupe permanente pour continuer l’œuvre de l’ACAP. C’est ainsi que le Théâtre du Bocage va accueillir « Les mémoires d’un bonhomme » d’Olivier Perrier (une vache, une jument, un comédien sur scène), en 1976 ; « Le grand valet » de Pierre Jakez Hélias, du Théâtre du bout du Monde, (du Centre Dramatique de Rennes, dans une mise en scène de Roger Guillo), en 1977 ; « Tri Yann », concert d’Yvon Etienne et son groupe en 1993; Louis Chedid et, parmi ses musiciens, un jeune guitariste : Mathieu Chédid, futur « M » en 1995.
Rapidement, la troupe amateur acquiert une certaine renommée. En effet, la deuxième création de la compagnie, « Fando et Lis » de Fernando Arrabal, en 1976, fut sélectionné pour le prix Charles Dullin à Aix-les-Bains, et reçut le deuxième prix de la Société des Auteurs.
L’année 1979 marque la création de la troupe professionnelle. Son premier spectacle, Antigone, est donné au château de Bressuire, avec professionnels, amateurs et une chorale-musique de jeunes et d’adultes. Six représentations sont données devant cinq à six mille spectateurs. Le spectacle reçoit même un écho national à travers un article élogieux dans le journal Le Monde.
La collaboration des amateurs et des professionnels, le soutien de la population locale vont permettre au Théâtre du Bocage de faire revivre notamment « François Rabelais», également au château, en 19823.
Ces aventures ont été rendues possibles grâce à une équipe de bénévoles passionnés parmi lesquels des chevilles ouvrières de l’ombre ont assuré des tâches parfois ingrates mais pourtant indispensables. Au premier rang, Hélène Augiron a pris en charge l’administration et la comptabilité de toutes les activités, qu’elles soient amateurs, professionnelles ou de programmation, et ce pendant près de 20 ans.
A partir de 1986, la programmation, jusqu’alors trimestrielle, se décline sous forme de saison, de septembre à juin. Cette évolution fait suite à un doublement des moyens attribués par la Ville :de 60 000 à 120 000 francs. Sous la responsabilité de Claude Lalu, le Théâtre de Bressuire accueille en 10 saisons, 182 spectacles de toutes disciplines, avec une dominante théâtre revendiquée qui lui vaut une reconnaissance des instances régionales.
Dans la foulée, « un atelier jeunes » est créé par Jean-Paul Billecocq. Après une mise en sommeil, cet atelier est repris et animé par Sandrine Bourreau, accompagnée bientôt de Manuel Bouchard pour la mise en scène.
Trois ans plus tard, la troupe débute une collaboration régulière avec les élèves du Lycée Maurice Genevoix, dans un « Atelier Pratique Artistique » animé par Patrick Dupé et Monique Sauvignon. Ces travaux débouchent chaque année sur la présentation d’un spectacle au Théâtre de Bressuire ou au sein du lycée. Dans le droit fil de ce travail, l’année scolaire 1999-2000 voit l’ouverture de l’option facultative « Théâtre-Expression dramatique » au lycée Genevoix puis, à partir de 2003, sous la responsabilité de Séverine Martin, un enseignement de spécialité théâtre est proposé aux élèves.
L’identité atypique du Théâtre du Bocage réside dans l’enrichissement mutuel entre pratiques amateurs et professionnelles qui sont le terreau de sa forte implantation dans la ville. Les partenariats multiples (établissements scolaires, hôpital de jour, centre d’aide par le travail, etc.) en témoignent.
Et l’aventure continue! À Bressuire et ailleurs.